Être spectateur, c'est pouvoir choisir le sentier le plus enchanteur, tracer une voie illuminée par les étoiles de nos aspirations. C'est embrasser le pouvoir de décider au moment propice, de monter sur les plus hautes marches des gradins, pour contempler le monde avec une vision renouvelée et éthérée.
Un enfant, perdu dans son univers d'acrylique, fit un vœu. Ce vœu, telle une incantation magique, se réalisa. Il désirait ardemment devenir un enfant de chair et de sang, car le monde imaginaire lui semblait terne comparé à l'exubérance du réel.
En un clin d’œil, la métamorphose s'opéra. D'un bond gracieux, il abandonna sa balançoire. Tout lui apparaissait d'une splendeur inédite. Il inspira profondément l'air pur, contemplant avec émerveillement ses membres s'animer dans une danse miraculeuse. Une scène extraordinaire et surnaturelle prenait vie en ce lieu.
Il franchit les portes du musée, le cœur palpitant à l'idée des chemins inexplorés qui s'ouvraient à lui. Il était enfin libre. Il avait rêvé de voyages fabuleux, de rencontres inoubliables, d'un monde idéal où perfection et élégance se conjuguaient harmonieusement. Mais hélas, seuls les pinceaux pouvaient esquisser de telles merveilles.
« Qui blâme la peinture blâme la nature. » Léonard de Vinci
Cet enfant, élément central d'un tableau abstrait, possédait l'âme et l'esprit du peintre. Entouré de nature morte, son créateur lui avait insufflé la vie dans une autre dimension. Un tableau n'est pas qu'un simple ouvrage ; il est le miroir d'une époque, sa mémoire, mais aussi la synthèse du fantastique et de la splendeur. Quelles que soient les couleurs, leur intensité, qu'il brille de bonheur ou qu'il émane une tristesse poignante, il peut être d'une beauté incommensurable.
Cet enfant, que l'on venait admirer des quatre coins du monde, devenait à son tour spectateur. Ayant brièvement goûté à la vie hors de son cadre, il pouvait désormais prendre le recul nécessaire pour analyser et philosopher avec amusement sur les turpitudes et les tracas de l'humanité. Sa place était ici, rien n'était dû au hasard.
La vie d'un homme est ce qu'elle est. S'il observe le tableau de trop près, comment peut-il en saisir toute la beauté ? Mais s'il s'en éloigne et contemple à distance la qualité de l'ouvrage, il portera un regard nouveau sur l’œuvre du Créateur.
« Le réel n'est rien d'autre que ce que je vous montre. » Peter Klasen
Un enfant, vivant dans notre monde parfois artificiel, rêvait d'arc-en-ciel et d'incursions dans un monde onirique où lions et lièvres se disputeraient une fleur. Un doux rêveur, pensaient ses parents en le voyant se balancer, se balancer...
Ainsi, si toute vie s'achemine inexorablement vers sa fin, alors durant notre brève existence, parons-la des teintes éclatantes de l'amour et de l'espoir. Faisons de chaque instant une toile magistrale, où chaque couleur raconte une histoire, chaque nuance révèle un secret, et chaque coup de pinceau devient une célébration de notre humanité.
J.A Carlson (Lundi 15 septembre 2008)
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