L'Ogresse de la Goutte d'Or : L'Histoire de Jeanne Weber, la Tueuse d'Enfants de Montmartre

Dans les ruelles sombres du quartier de la Goutte d’Or à Paris, une figure sinistre a marqué l’histoire criminelle de la France au début du 20ème siècle. Jeanne Weber, surnommée “l’Ogresse de la Goutte d’Or”, est l’une des criminelles les plus effroyables de l’époque, accusée d’avoir tué plusieurs enfants dans des circonstances troublantes. Son histoire est un mélange de tragédie, de folie, et d’une série d’erreurs judiciaires qui ont choqué le pays.

Les Débuts de Jeanne Weber : Une Vie Marquée par la Pauvreté

Jeanne Weber naît le 7 octobre 1874 à Kérity, aujourd’hui un quartier de Paimpol (Côtes-d’Armor). Elle déménage à Paris à la fin du 19ème siècle, où elle vit avec son mari, un ouvrier, et leurs trois enfants. La vie dans le quartier populaire de la Goutte d’Or est difficile, et la pauvreté règne dans leur modeste appartement. En 1905, deux des enfants de Jeanne meurent soudainement, officiellement des suites de maladies infantiles. Ce double deuil marque profondément Jeanne, mais personne ne soupçonne alors ce qui se prépare.

Les Premières Suspicion : Des Morts Inexpliquées

Jeanne Weber commence à s’occuper des enfants de sa famille et de ses voisins pour arrondir ses fins de mois. Entre 1905 et 1906, plusieurs enfants dont elle a la garde meurent de manière inexplicable. Les symptômes évoquent des suffocations ou des étranglements, mais à chaque fois, Jeanne est disculpée, notamment grâce au soutien de son mari et de ses proches qui refusent de croire à sa culpabilité.

Le 7 mars 1905, la mort d’un enfant dont elle s’occupe attire l’attention des médecins et de la police. Les circonstances de la mort sont suspectes, mais Jeanne est acquittée faute de preuves tangibles. La presse se saisit de l’affaire, surnommant Jeanne “l’Ogresse de la Goutte d’Or”, un nom qui va bientôt devenir tristement célèbre.

Les Meurtres Continuent : L’Erreur Judiciaire

En dépit des suspicions croissantes, Jeanne continue à garder des enfants. Le 25 mars 1906, un autre décès survient, celui d’Augustine Bavouzet, la nièce de Jeanne. Le médecin légiste conclut à une mort par strangulation, mais lors du procès qui s’ensuit, Jeanne Weber est une nouvelle fois acquittée. Les experts médicaux, désorientés par l’absence de preuves directes et influencés par une défense habile, peinent à établir une culpabilité certaine.

L’affaire prend une tournure dramatique en 1908 lorsque Jeanne est surprise en train d’étrangler une petite fille de 10 ans, Marcelline Bavouzet, la sœur d’Augustine. Cette fois, les preuves sont accablantes. Elle est arrêtée et jugée, mais encore une fois, en raison des témoignages contradictoires et de l’absence de preuves claires, Jeanne est libérée.

La Chute de l’Ogresse : L’Internement et la Mort

Le comportement de Jeanne devient de plus en plus erratique. En 1908, après avoir été acquittée pour la mort d’un autre enfant, elle quitte Paris et erre dans les campagnes. Finalement, elle est arrêtée en 1908 à Commercy, en Lorraine, après avoir tenté de tuer un autre enfant. Cette fois, elle est jugée inapte à être condamnée en raison de sa santé mentale.

Jeanne Weber est internée dans un asile psychiatrique où elle passe le reste de sa vie. Elle meurt le 5 juillet 1918, seule et oubliée de tous, dans l’hôpital psychiatrique de Fains-Véel.

L’Héritage de la Terreur

L’histoire de Jeanne Weber, l’Ogresse de la Goutte d’Or, reste une des affaires criminelles les plus troublantes de France. Les erreurs judiciaires et l’incapacité des autorités à la stopper plus tôt ont conduit à la mort de nombreux enfants innocents. Son cas a également souligné les limites de la médecine légale de l’époque et la nécessité de réformes dans le traitement des affaires de maltraitance et de meurtres d’enfants.

Aujourd’hui, Jeanne Weber est souvent mentionnée dans les récits historiques comme un exemple de la monstruosité humaine, mais aussi des failles tragiques du système judiciaire de son temps.




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