La Duchesse de Fontanges : L’éclat d’une étoile éphémère
En ce matin d’automne 1679, Versailles scintille sous les premiers rayons du soleil, enveloppée d’un luxe qui semble toucher les cieux. Au cœur de ce royaume doré, une jeune femme s’apprête à devenir l’une des figures les plus envoûtantes de la cour de Louis XIV. Elle s’appelle Marie Angélique de Scorailles de Roussille, plus connue sous le nom de Duchesse de Fontanges. Pourtant, son destin, comme une étoile filante, brillera avec une intensité rare avant de disparaître tragiquement.
L’ascension fulgurante
Marie Angélique est issue d’une famille noble d’Auvergne, mais peu fortunée. Sa beauté légendaire la précède lorsqu’elle arrive à la cour en tant que demoiselle d’honneur de la duchesse d’Orléans. Elle a à peine dix-huit ans lorsqu’elle croise le regard de Louis XIV, le Roi Soleil. Immédiatement captivé par sa grâce juvénile et ses traits angéliques, le monarque en fait sa favorite, délaissant progressivement Madame de Montespan, maîtresse royale depuis de nombreuses années.
À Versailles, où chaque geste est scruté, cette soudaine montée en grâce provoque des jalousies. La cour est un nid de vipères où chaque courtisan se bat pour une place proche du roi. Cependant, Marie Angélique, surnommée « la belle Fontanges », parvient à naviguer dans cet environnement hostile grâce à sa candeur et son charme naturel. Louis XIV la couvre de richesses et de titres : elle devient duchesse et obtient le privilège d’avoir un logement au château, un honneur rare pour une si jeune maîtresse royale.
L’invention d’une mode : la coiffure Fontanges
Un jour, lors d’une chasse royale, la duchesse, en pleine cavalcade, voit ses cheveux se défaire sous son chapeau. Dans un geste improvisé, elle attache ses mèches à l’aide d’un ruban, créant une coiffure haute et sophistiquée. Ce simple acte devient une mode instantanée à Versailles : la « coiffure à la Fontanges ». Elle se compose de boucles empilées sur le sommet de la tête, ornées de rubans, dentelles et autres bijoux précieux. L’élégance singulière de cette coiffure incarne le raffinement et l’extravagance de la cour du Roi Soleil, et elle devient un symbole de l’influence de la duchesse sur les tendances de l’époque.
Une gloire éphémère
Cependant, derrière le faste de sa vie, l’éclat de Fontanges s’estompe rapidement. En 1680, à peine un an après son ascension, elle tombe gravement malade. Certains murmurent que Madame de Montespan, rongée par la jalousie, aurait eu recours à des poisons pour l’éloigner du roi. D’autres avancent que le mode de vie à la cour, exigeant et cruel, a eu raison de sa santé fragile. Les médecins, incapables de diagnostiquer sa maladie, parlent d’un mal mystérieux. Louis XIV, bien que toujours attaché à sa jeune maîtresse, semble impuissant face à la dégradation rapide de sa santé.
Le 28 juin 1681, à l’âge de seulement 19 ans, la Duchesse de Fontanges meurt à l’abbaye de Port-Royal. Son décès plonge la cour dans la stupéfaction. Le Roi Soleil, malgré ses innombrables liaisons, est profondément affecté par la perte de celle qui, pour un bref instant, avait su capter toute son attention.
Un héritage oublié
Après sa mort, Marie Angélique de Fontanges disparaît presque des mémoires, éclipsée par des favorites plus durables comme Madame de Maintenon. Cependant, son influence a marqué l’histoire, ne serait-ce que par la mode qu’elle a inspirée. La coiffure à la Fontanges restera à la mode jusqu’à la fin du règne de Louis XIV, et son histoire, bien que brève, demeure l’incarnation du destin éphémère et souvent cruel des femmes à la cour du Roi Soleil.
Marie Angélique est ainsi devenue une figure de légende, symbole à la fois de la beauté éblouissante et de la fragilité de la faveur royale. En l’espace de quelques années, elle a connu une ascension vertigineuse, une gloire éclatante, puis une chute brutale, laissant derrière elle une empreinte fugace, comme une étoile filante dans le firmament de Versailles.
Commentaires
Enregistrer un commentaire