Analyse et Anecdotes du Film La Garçonnière (1960) de Billy Wilder

 Le Professeur Cinémaniac présente : "La Garçonnière" (1960) de Billy Wilder
 
 Cinéphiles avertis, aujourd'hui, je vous emmène dans les années 1960 pour découvrir un classique de la comédie romantique américaine : "La Garçonnière" (titre original : The Apartment), réalisé par le grand Billy Wilder. Ce film est une satire sociale subtile, teintée d’humour noir, qui nous plonge dans l’univers impitoyable du monde des affaires tout en explorant la solitude et la quête d’amour.

Le Film en Bref
"La Garçonnière" raconte l’histoire de C.C. Baxter, surnommé "Bud" (joué par Jack Lemmon), un employé modeste d’une grande compagnie d’assurances à New York. Pour grimper les échelons dans l’entreprise, il prête son appartement à ses supérieurs pour qu'ils puissent y emmener leurs maîtresses en toute discrétion. Les choses se compliquent lorsqu'il découvre que Fran Kubelik (Shirley MacLaine), la femme qu'il aime secrètement, a une liaison avec son patron, Mr. Sheldrake (Fred MacMurray), qui utilise aussi son appartement.

Anecdotes 
Le succès inattendu de Billy Wilder : Après avoir réalisé des films comme "Boulevard du Crépuscule" et "Certains l’aiment chaud", Billy Wilder a frappé un grand coup avec "La Garçonnière". Le film a remporté cinq Oscars, dont ceux du Meilleur Film, du Meilleur Réalisateur et du Meilleur Scénario. C’était une véritable surprise, car bien que populaire à sa sortie, "La Garçonnière" avait un ton plus sombre que les comédies traditionnelles de l’époque.

Inspiré par un film de David Lean : L’idée de base du film est venue à Billy Wilder après avoir vu "Brève Rencontre" (1945) de David Lean, où un homme prête son appartement à des amants. Wilder s’est demandé quelles étaient les conséquences pour celui qui prêtait l'appartement, et il a décidé d'explorer ce concept sous un angle comique et dramatique.

La complexité du personnage de Fran Kubelik : Shirley MacLaine, dans le rôle de Fran, a été saluée pour sa performance pleine de nuances. Fran est à la fois forte et vulnérable, une femme coincée dans une relation destructrice avec son patron. Le réalisateur, Billy Wilder, a laissé beaucoup de liberté à MacLaine pour qu'elle improvise certaines répliques, ce qui a renforcé la spontanéité de son personnage.

Un tournage dans de vrais décors miniatures : L’une des scènes emblématiques du film est celle du bureau, où l’on voit des rangées interminables de bureaux. Pour donner l’illusion de profondeur, Billy Wilder et son chef décorateur ont utilisé une astuce : des figurants de petite taille et des meubles réduits pour les bureaux du fond, créant un effet de perspective impressionnant.

Un tournant dans la carrière de Fred MacMurray : Fred MacMurray, qui joue le rôle de l’odieux patron Sheldrake, était jusqu’alors connu pour ses rôles dans des comédies légères et des films familiaux. Son interprétation d’un personnage aussi égoïste et manipulateur a choqué le public de l’époque, mais a prouvé qu’il pouvait jouer des rôles plus sombres. Après la sortie du film, certaines personnes l’ont même interpellé dans la rue pour lui reprocher son comportement de "salaud" à l’écran !

Un sujet controversé pour l’époque : Le film aborde des thèmes comme l’adultère, l’exploitation au travail et même la tentative de suicide, des sujets délicats pour le cinéma grand public des années 60. Pourtant, Billy Wilder a su traiter ces thèmes avec finesse et humour, sans jamais tomber dans le mélodrame.

La chimie entre Jack Lemmon et Shirley MacLaine : C’est dans "La Garçonnière" que leur alchimie éclate à l’écran. Leur relation, empreinte de tendresse, de maladresse et d’émotion sincère, est au cœur du film. Leur jeu d’acteur, naturel et touchant, a grandement contribué au succès de cette comédie romantique pas comme les autres.

Un final mémorable : La dernière réplique du film, "Shut up and deal" ("Ferme-la et donne les cartes" en français), est devenue légendaire dans l’histoire du cinéma. Wilder a délibérément choisi une fin ouverte et subtile, où les personnages ne s'embrassent pas ni ne se déclarent leur amour de façon traditionnelle, mais où l’espoir d’une nouvelle relation naît autour d’une simple partie de cartes.

Conclusion

"La Garçonnière" est bien plus qu’une simple comédie romantique. C’est une réflexion brillante sur la solitude urbaine, l’ambition et les compromis que l’on fait pour réussir dans un monde impitoyable. Le film jongle habilement entre des moments de comédie légère et des scènes plus sombres, avec des personnages profondément humains. Grâce à la réalisation impeccable de Billy Wilder, aux performances inoubliables de Jack Lemmon et Shirley MacLaine, et à son humour acide, "La Garçonnière" est un incontournable du cinéma classique.

Si vous cherchez une comédie romantique intelligente, subtilement critique de la société, ne cherchez pas plus loin. Bon visionnage !





Comédie américaine réalisée par Billy Wilder (1960)

Genre : comédie dramatique
Musique : Adolph Deutsch
Durée : 125 minutes

Avec : Jack Lemmon (CC Bud Baxter), Shirley MacLaine (Fran Kubelik),  Fred MacMurray, Ray Walston, David Lewis, Jack Kruschen, Joan Shawlee etc.

CC Baxter est l'un des milliers d'employés d'une grande compagnie d'assurances new-yorkaise. Une particularité le distingue pourtant des autres. Il a réussi à obtenir les faveurs de ses supérieurs hiérarchiques en leur prêtant fréquemment son petit appartement. Ces messieurs y accueillent en toute impunité de jeunes et accortes personnes. Pendant leurs joyeux ébats, Baxter en est réduit à errer dehors par tous les temps et jusqu'à des heures indues, rêvant de la jolie liftière, Fran Kubelik, qu'il croise tous les matins en se rendant à son bureau. Un jour, le chef du personnel convoque Baxter et lui annonce une promotion. Lui aussi aimerait profiter de sa garçonnière...

 Source photo : wikipedia

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